Mill Fork Cemetery
Un petit cimetière blotti dans un canyon de rien, pour un village de rien, perdu au milieu de rien.
Quelques tombes, aux noms souvent identiques.
« Clara Louisa, combien tu nous manques. Mais comme ce sera doux, oui combien ce sera doux quand nous te retrouverons , là haut au Paradis, où nous ne serons plus séparés de toi.
Avec son lot d’enfants, morts très tôt.
Ils ont souvent une très belle expression ici : nous dirions « mort né »; ils disent « still born » (encore nés ou toujours nés); c’est beau…
De passage dans ce coin, nous nous sommes arrêtés et aussitôt cet endroit m’a fait pensé à une chanson que jadis, les compagnons de la Chanson et Edith Piaf avaient interprêtée.
« Les trois cloches ». L’histoire d’un garçon qui naît, se marie et meurt dans ce petit coin de vallée. Ils avaient appelé leur héros « Jean-François Nicot ».
Article trouvé sur Yahoo : Les Trois Cloches a été écrite en 1939 par Jean Villard-Gilles, originaire du pays Vaudois, et interprétée par Edith Piaf et les Compagnons de la Chanson en 1945. Cet article de Bernard Léchot de SwissInfo (le guichet suisse d’information) fournit ces explications sur la genèse de la chanson :
Dans le Jura français, entre Champagnole et Lons-le-Saunier se trouve le village de Baume-les-Messieurs, entouré de falaises de calcaire, et dominé par un belvédère.
C’est de celui-ci, alors qu’il se rendait à Paris en voiture, que Jean Villard-Gilles aurait eu l’idée de sa chanson. Trois cloches pour dire une vie, le baptême, le mariage, la mort.
Cette chanson sur le sens de la vie raconte l’histoire de Jean-François Nicot, du berceau à la tombe. On trouve sur ce site de fans des Compagnons de la Chanson des photographies du caveau de la famille Nicot prises à Baume-les-Messieurs ainsi que quelques anecdotes sur la chanson :
« Il vous faut élargir votre répertoire, chanter des chansons d’aujourd’hui et pas des chansons folkloriques, des chansons dans lesquelles les gens pourront se reconnaître, vivre leurs histoires et pleurer avec vous. Comme celle que Gilles* nous a chantée hier soir. On dirait qu’elle a été écrite à votre intention… ». C’est de cette façon qu’Edith PIAF parvint à attirer l’attention des Compagnons sur Les trois cloches même si les réactions très dubitatives des uns et des autres laissaient supposer que certains d’entre eux n’étaient pas convaincus de tenir là le succès qu’Edith appelait de tous ses voeux. Il fallut attendre que Marc HERRAND parvienne, comme il l’a si bien dit dans La route enchantée, à faire sonner les voix des Compagnons comme des cloches pour que l’on prenne conscience du potentiel du titre. Chacun sait quelle carrière firent ensuite Les trois cloches après avoir été consacrées grand succès en France en 1946. Ce que l’on sait moins, c’est que l’idée de la chanson prit corps à Baume-les-Messieurs, dans le Jura et plus exactement dans un cimetière où avaient été ensevelis Jean Nicot et son épouse Louise, des noms que l’auteur changera en Jean-François Nicot et en Elise s’aidant au passage, pour trouver les autres paroles, de la Bible et de l’extrait de Saint-Pierre l’Apôtre (1, 24-25). Mais que d’anecdotes avec Les trois cloches… Hubert LANCELOT dans « Nous les Compagnons de la Chanson » admet même qu’il est arrivé à Fred MELLA, lors de certains tours de chant, de faire mourir Jean-François Nicot avant son mariage et que, lorsqu’Edith leur avait présenté le bébé, Jean-Louis JAUBERT, avec son humour habituel, avait craint que le public prenne les Compagnons pour… neuf cloches !
Personnellement, je préfère la version des Browns; pour moi tellement plus nostalgique et surtout avec un héros qui s’appelle « Jimmy Brown »; que faire de mieux et de plus banal que Jimmy Brown (le brun) ?
Cliquer sur l’image pour voir et écouter les Browns.
En préparant cet article, je suis tombé sur cette autre vidéo
Cliquer sur l’image pour voir et écouter les paroles de cette chanson
qui m’a fait instantanément penser à ce minuscule village de Sutherland Springs au Texas, à peine plus grand que Mill Fork dans l’Utah.
400 habitants
28 morts
20 blessés
Pour qui n’est pas ici, aux Etats Unis, mes associations d’idées peuvent sembler curieuses et difficiles à suivre. Pour la France, Sutherland Springs n’est qu’un nom qu’on oubliera très vite, si on le retient un jour.
Nous vivons ici. Pas au Texas bien sûr mais en Utah.
Néanmoins, nous, nous avons une idée de ce que peut être une de ces minuscules bourgades, perdues au milieu de rien. Et ça change les choses.
Une minuscule communauté.
Chacun pensait, ou voulait penser que ces tueries ne pouvaient toucher que des grands centres.
Faux.
N’importe quel endroit peut devenir une cible.
Nous vivons là. Ca fait une grosse différence.
Et comme prévu, les autorités se sont mises en prières, ont présenté leurs condoléances. Et le Président…
Le Président a déclaré très vite que les armes n’étaient pas en cause, que c’était l’acte d’un fou.
Comme prévu, les drapeaux sont en berne, descendus à mi-mât.
L’Amérique pleure ses morts.
Elle se remettra.
Jusqu’à la prochaine tuerie.
Pauvre Amérique.
Un si formidable pays. Vraiment.
Et nous…, nous pleurons l’Amérique. Elle vaut mieux que ça.
Merci pour la belle version des 3 cloches et pour tes différents commentaires, très agréables à lire, même si nous ne sommes pas sur place.
J’aimeJ’aime
Oui nous sommes sur place, mais néanmoins nous ne basculons pas dans l’inquiétude à tout moment. Tout peut arriver mais nous vivons quand même sereinement. Merci Jean
J’aimeJ’aime