En pays Navajo avec Julius

La veille au soir, en toute fin de journée, nous avons été démarchés par un des très très nombreux prestataires de service qui proposent une virée en 4×4 dans le parc.

Après avoir beaucoup négocié, nous sommes tombés d’accord sur 160 dollars au lieu des 190 de départ et surtout au lieu des 260 en plein été…

C’est encore matin. Nous avons rendez-vous avec un certain Julius à 9h30.

Il fait vraiment froid. Le vent souffle et la promenade qui doit durer 2h30 me paraît déjà bien longue si nous sommes assis à l’arrière d’un des très nombreux pickup trucks qui sillonnent la vallée, ouverts aux quatre vents.

Il paraît en outre que certains guides ne desserrent pas les dents. Froid + silence, si c’est ça, ça promet…

9h30. Nous rencontrons Julius.

Un grand gaillard navajo.

Il nous conduit jusqu’à son 4×4, fermé. Il y règne une douce chaleur qui contraste énormément avec le froid du dehors. Nous pouvons prendre nos aises. Nous serons ses seuls passagers. Luxe.

Et Julius se révèle très bavard. Il répond à toutes nos questions. Et elle sont nombreuses.

Il démarre et nous nous enfonçons dans la Monument Valley.

Nous apprenons que même s’il n’est pas né ici, sa grand-mère, sa mère vivent ici et vivent d’ici. Dans les temps anciens, elles avaient creusé un puits ( a well) pour s’approvisionner en eau pour la famille et pour les bêtes mais maintenant, l’eau est achetée au super marché et apportée en pickup truck.

Lui-même a longtemps travaillé dans le bâtiment sur la partie informatique du cablage des édifices que d’autres installent. Il a pu mettre de l’argent de côté et lancer son entreprise; il possède déjà deux pickups fermés tel que celui dans lequel nous roulons, 4 autres ouverts dans lesquels je redoutais que nous roulions, un troupeau de chevaux sur lesquels Linda rêve de mettre les fesses; sa femme possède un commerce de productions navajos vers lequel il nous emmène mais les courses sont déjà faites au grand dam de Linda qui préfère ce qu’elle voit là; et il se demande s’il ne pourrait pas installer sur sa propriété un ou plusieurs hogans, habitats traditionnels navajos pour y accueillir des touristes en gite et randonnée; dernière trouvaille, installer là aussi des teepees, ces grandes tentes indiennes qui ont fait rêver nombre d’entre nous; ce ne sont pas du tout des tentes navajos; c’est plutôt l’habitat traditionnel des indiens des plaines mais qu’importe, ça fait rêver les touristes et ils sont prêts à payer pour ça, alors…

Nous passons près d’un mesa au nom évocateur pour nous, les conteurs.

20171110_100601.jpg

Les trois soeurs ( à gauche du mesa).

Je lui raconte en résumé Le Compagnon, version Abbi Pattrix. Ca lui plait beaucoup et il embraye sur la légende des jumeaux, massacreurs de monstres. Nous verrons dans le paysage un peu plus loin des traces de leurs combats légendaires.

Nous arrivons à un endroit reculé où vivent deux de ses cousines.

Nous pénétrons alors dans un hogan femelle, tout rond. Il est fait intégralement en bois, sans aucune pointe ni vis et recouvert de terre pour l’isolation. Un prodige d’ingéniosité avec des troncs à qui jamais personne n’a appris à pousser droit…

Non loin de là, un hogan mâle, pointu bien sûr. Et un hutte de sudation. Les 4×4 sont là pour nous rappeler de quel monde nous venons, sinon…

Julius nous nomme tous les rochers qui font penser tel à un chef indien assis, tel autre à un dragon. Tous ces noms ont été trouvés dans les années 30 par des blancs !!!

Il nous emmène dans ce merveilleux endroit percé où sa musique résonne, comme le chant indien du vieux guide qui nous précède avec sa cliente avait résonné au moment où nous y arrivions.

En levant la tête, nous pouvons voir la tête d’un aigle gigantesque qui nous domine d’une trentaine de mètres.

Le périple dans la Monument Valley se termine au rocher « L’Oreille du Vent » dans un silence absolu.

J’explique à Julius que vers chez nous, il est très difficile de trouver des endroits de silence absolu, même en montagne où souvent les avions sillonnent le ciel. Et qu’ici en Amérique, tout est vraiment très bruyant. Alors ce silence… ce silence…

Après finalement 3h15 de randonnée au lieu des 2h30 prévues, le périple motorisé se termine. Mais le périple de rêve, lui, continue encore et encore en nous.

Merci Julius pour ce merveilleux voyage dans ta vallée, dans nos souvenirs, dans nos questions et tes réponses, dans les rêves que tu as suscités.

Merci Julius

Un commentaire sur “En pays Navajo avec Julius

  1. Coucou alain!
    Je suis vos aventures depuis le début…. quel dépaysement!
    Merci pour ces moments partagés et ces magnifiques photos! Ton article sur le pays navaro m a particulièrement fasciné
    Bises
    Christine

    J’aime

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