Premiers pas pour moi dans Salt Lake City ville.
Linda y est déjà allée une fois au tout début.
Pas du tout le même décor, pas du tout la même ambiance que dans la vallée.
Et nous voilà interpellés par un grand escogriffe, barbu, poilu, tachu : « Hey guys, are you doin’? »
Certains vous diront que tous les américains font ça et en fait se moquent totalement de la réponse. Et bien pas toujours.
Ca correspondrait assez au « ça va ? » français. Sauf qu’ici, sincères ou pas sincères, les gens vous sourient. Important le sourire. Important tout le temps, mais particulièrement quand on est loin de sa base, des gens qui vous sourient, c’est vraiment important. C’est difficile à définir, mais je dirais peut-être que ça vient combler un peu le besoin d’être rassuré.
Ce n’est pas que nous nous sentions en insécurité. Loin de là. Mais même si nous maîtrisons suffisamment la langue pour ne pas hésiter à adresser la parole à qui que ce soit, nous ne sommes pas, ni ne serons jamais des américains.
Il y a quand même des moments où le fait de ne pas comprendre ce qu’on nous dit nous fait bien sentir que nous ne sommes pas chez nous; bon, le caissier qui marmonne, avec un accent américain de je ne sais où, des questions auxquelles il est impossible de répondre, c’est au fond plutôt marrant; surtout quand, après lui avoir dit qu’on n’avait pas compris, il reprend sa litanie exactement sur le même ton, avec les mêmes mots.
En revanche, chez le chiropractor (le kiné), quand le corps ne va pas très bien, et donc quand la tête est inquiète avec, et que là on ne comprend pas bien, ni ce qu’il faut faire comme formule de soin, ni ce que le praticien nous dit, là, le fait de ne pas bien tout saisir devient subitement nettement plus inquiétant.
Nous avons pensé du coup, à tous ces gens qui arrivent dans ce pays, sans savoir un traître mot d’anglais, sans être nécessairement bien accueillis, après avoir tout laissé, ou tout perdu derrière eux…
Nous avons pensé aux nôtres, aux français, dont le niveau d’éducation ne permet ni de comprendre ce qu’il faut faire, ni ce qu’on leur dit dans tout un tas de démarches.
Nous avons pensé aux vieilles gens, à nos mères, incapables de décrocher un téléphone, ni même de comprendre des démarches pourtant élémentaires à conduire.
Et voilà donc ce grand escogriffe, barbu, poilu, tachu : « Hey guys, are you doin’? »
Et tout de suite après notre réponse et la même question en retour de notre part, « Where do you come from ? ». Classique désormais.
Et ben ce gars, ce Benjamin, a passé voilà quelques années deux mois et demi en France à Paris, et ne se débrouille pas si mal en français, avec ce qui lui reste. Et pratiquement pas d’accent.
Ce Benjamin est en train de peindre la devanture et les murs du marchand d’armes à feu et de munitions. Il est payé pour ça et « he makes it a living », c’est sa façon de gagner sa vie.
Quand nous lui disons que nous vivons plus bas dans la vallée, à West Jordan, il nous confie qu’il préfère vivre en centre ville, le Downtown; que c’est plus fun, moins guindé. Nous le savions déjà. Il ajoute qu’ici la mairesse, est openly gay, ouvertement homosexuelle, qu’il y a une gay pride; en pays mormon, au siège même du mouvement, c’est vraiment pas banal. Ici plus de 50 % des gens ne sont pas mormons et ont élu quelqu’un de plus relax, plus démocratique nous dit-il.
Nous savons par ailleurs, qu’en Utah, 70 % des gens sont mormons, plus encore à la campagne qu’en ville; et que dans certaines villes plutôt très riches, le taux avoisine 90 %.
C’est un véritable pouvoir; les gens donnent 10 % de leur salaire au culte qui, au passage, leur dit comment et pour qui il faut voter.
En ce qui nous concerne, nous n’avons pas à faire avec cet aspect-là. Les gens que nous cotoyons sont absolument charmants, très concernés par l’éducation de leurs enfants et plutôt friendly.
On nous recommande néanmoins de toujours soigner le dialogue et le côté positif.
Alors dans tout ça, ce grand Benjamin, aux fringues et aux doigts maculés de peinture, avec son franc parlé, et son côté désinvolte responsable, c’est une vraie bouffée d’oxygène, un petit moment de bonheur, là encore, tout simple.
Merci la Vie.
J’adore aussi cette rencontre ! Ce gars respire l’envie de le rencontrer et de parler avec lui ! Mention spéciale pour les photos de lui et Linda devant le Renard, très harmonieux l’ensemble, ça sent l’animal totem pour au moins l’un des deux 🙂
Et c’est très intéressant tout ce que vous nous racontez sur les gens, on plonge vraiment à l’intérieur de cette ville, de ses contrastes et au-delà des clichés qui comme partout peuvent être grands !
Vraiment super de vous lire !
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