Huit mois que nous sommes ici.
Nous n’avons évidemment pas fait le tour de la société américaine.
Toutefois, une chose nous frappe : c’est la volonté de ne RIEN changer.
Je sais, changer est risqué; changer est inquiétant; changer veut souvent dire avant qu’on ait changé « perdre quelque chose ».
Ce n’est pas propre aux USA.
C’est humain.
Mais ici, être Américain, c’est un certain nombre de choses pour lesquelles les gens se sont battus : certains sont sortis de la pauvreté, certains (beaucoup) voudraient en sortir; certains ont abandonné leur famille, ont franchi des frontières, légalement ou pas et tous ont le rêve américain.
La maison, la grosse voiture, avoir du fun, de la douceur (manger sucré…), dépenser sans compter, ne pas payer d’impôts, …
Qui pourrait leur en vouloir ?
D’autant que tout les pousse à ça.
Nous sommes très critiques par rapport à leur mode de vie, mais ils n’en connaissent pas d’autre et on le leur fait miroiter sans cesse.
Quand on n’a pas d’autres références, il est difficile d’imaginer autre chose que ce qu’on veut nous faire voir.
Les lobbies sont à l’oeuvre : pour les armes, pour le sucre, pour…, pour…
Et ils sont très puissants.
Alors du coup, changer ?
Très difficile
Tout ça pour mettre en perspective les manifestations monstre anti-guns d’hier, samedi 24 mars 2018.
D’aucuns diront que ce n’est pas la première fois.
Peut-être
Je n’ai pas de recul sur les mouvements sociaux américains de ces dernières années mais ce qui frappe, c’est que ce sont surtout de très jeunes gens qui manifestent.
Ce qu’ils disent au fond, c’est que les adultes n’ont rien fait et ne font rien pour les protéger; ils parlent, ils prient, ils descendent les drapeaux à mi-mât, mais ils ne font rien ou pas assez, ou pas assez bien pour protéger les élèves et les étudiants dans les écoles.
Et ils veulent que quelque chose change.
Waooowww ! Dans le pays où personne ne veut rien changer, ça c’est fort et ça devrait alerter les politiques.
Ces mêmes politiques qui essayent de discréditer ces mouvements en disant qu’ils sont manipulés par l’extrême gauche, que leurs leaders sont en fait des acteurs payés pour ça…
Peut-être que ces jeunes gens sont les héros d’aujourd’hui, en osant être à l’envers de ce que tout une population affiche : « Surtout ne changeons rien ! »
Enfin, moi je dis ça, sans doute parce que j’aimerais trop que ça bouge ici, parce que je pense que ce pays vaut mieux que ses dirigeants en font.
Mais sans doute qu’au fond, je me trompe lourdement, que rien ne changera et que ce pays continuera à s’enfoncer dans la décadence.
On voit toujours midi à sa porte, dit-on.
Certainement suis-je trop connecté à midi d’un point de vue français, avec huit heures de décalage horaire et tellement de différences culturelles de décalage aussi…
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